Extraits et l’essentiel d’un article paru dans Harvard Business Group France
On peut penser que différentes personnes d’un groupe prendront en compte différents éléments, et si ceux-ci sont correctement combinés, ils donneront la possibilité au groupe de savoir plus et mieux que n’importe quel individu.
Malheureusement, bien trop souvent, les groupes ne parviennent pas à mettre en valeur ce potentiel.
Les positions les plus extrêmes
Les membres d’un groupe de discussion ont tendance à prendre des positions plus extrêmes (calculées par référence à un point médian initial). Si la prise de risque est la tendance initiale des membres du groupe, cette tendance se verra probablement renforcée. Si la tendance première est la prudence, c’est celle-ci qui prendra probablement le dessus. La polarisation de groupe s’observe aussi bien à propos de faits concrets que pour des questions de valeurs. Demandons à un groupe de personnes quelle est la probabilité, mesurée sur une échelle de 0 à 8, qu’un produit se vende à un certain nombre d’unités en Europe durant l’année à venir. Si la valeur médiane retenue avant délibération est 5, le groupe optera probablement pour une valeur supérieure; si la valeur de départ est 3, le choix du groupe sera probablement inférieur.
La première raison – Chaque membre d’un groupe prend en considération les arguments développés par les autres. Les discussions au sein d’un groupe qui présentent une orientation particulière dévieront inévitablement dans le sens de cette orientation. De façon statistique, les arguments allant dans le sens du positionnement initial seront plus nombreux que ceux en prenant le contre-pied. La délibération amènera naturellement les participants à un résultat plus extrême, conforme à ce qu’ils pensaient initialement.
La deuxième raison nous ramène à la pression de conformité. Nous l’avons vu, les membres d’un groupe souhaitent être perçus favorablement par leurs collègues du même groupe. Parfois les points de vue exprimés en public reflètent la façon dont ils désirent être perçus. Une fois qu’ils ont pris connaissance de la position des autres, ils ajustent la leur pour se rapprocher du point de vue dominant et ainsi protéger leur image.
La troisième raison met l’accent sur les liens étroits qui unissent trois facteurs: la confiance, l’extrémisme et la validation par les tiers. Les personnes qui manquent de confiance adoptent des positions modérées. En gagnant en confiance, les gens deviennent d’ordinaire plus extrémistes. L’approbation des autres renforce la confiance en soi et donc l’extrémisme.
« Ce que tout le monde sait»
Le dernier des problèmes de groupe est peut-être le plus intéressant. Supposons qu’un groupe détienne un important volume d’informations – suffisamment pour parvenir manifestement à un bon résultat si ces informations sont explicitées et correctement intégrées. Malgré cela, le groupe ne parviendra pas à un bon résultat si ses membres mettent l’accent sur l’information la plus largement partagée et négligent les éléments que ne détiennent que quelques membres, voire un seul.
Pour bien fonctionner, les groupes doivent prendre en considération les individus en position cognitive périphérique. Mais, le plus souvent, l’influence des personnes en position cognitive centrale joue un rôle disproportionné lors des débats. Il existe une explication simple à cela; les membres du groupe préfèrent écouter une information largement répandue – et préfèrent écouter ceux qui détiennent ce type d’information. Un haut niveau de crédibilité est ainsi accordé aux personnes en position cognitive centrale, les personnes en position périphérique ne jouissant, à l’inverse, que d’un bas niveau de crédibilité.