Ne nous mentons pas, l’objectif d’une entreprise est d’être rentable et de faire du profit. Une entreprise n’a pas comme but premier d’être philanthropique et humaniste. Pourtant, de la même manière que nous parlons de capital économique, le capital humain est le cœur du réacteur entrepreneurial. Comment manager ce capital humain ?
A la recherche de l’éthique perdue
Si aujourd’hui l’éthique fait autant de bruit, ce n’est pas chose nouvelle. Aristote déjà divisait la « science de l’homme » en trois grands domaines spécifiques : économique, politique et éthique. Le philosophe définissait celle-ci comme la science de l’homme auto-centrique, recherchant des règles morales pour sa propre conduite de vie. En 1776, Adam Smith émancipait l’économie de la morale dans l’Essai sur la richesse des nations, premier ouvrage moderne d’économie. Une version de l’éthique des affaires était née ! Aujourd’hui forte d’un modèle économique et social en crise, la société a conscience d’un besoin de changements profonds. L’enjeu est pour beaucoup de trouver une nouvelle voie conciliant croissance économique, amélioration du niveau de vie et respect de l’environnement ; cela au niveau mondial.
Tout le monde parle d’éthique ; mais qu’est-ce que cela implique ?
L’avez-vous constaté vous aussi ? Une majorité d’entreprises rédigent, affichent, prônent des « chartes éthiques » et mettent en avant leur politique RSE. A croire que les dirigeants et les DRH sont à la recherche de plus d’humanité dans leurs rapports aux collaborateurs. Les mentalités semblent avoir évolué à la manière d’une lame de fond. Il apparaîtrait donc que nous assistions à une résurrection réelle de l’éthique. Alors pourquoi sur le terrain cela ne se retranscrit pas toujours ?
D’après une récente étude, seuls 6% des salariés Français se disent activement engagés dans leur société. La quête du graal ultime, « performance », ne rime pas avec un forcing tyrannique ! Avoir un management éthique passe par le respect de l’individu, de son intégrité. Le collaborateur doit se réaliser par lui-même, en tant qu’individu, avant d’être un salarié engagé. Manager éthiquement, n’est-ce pas respecter l’individualité et la singularité de ses collaborateurs ; des individus qu’ils sont ?
De l’éthique aux valeurs, il n’y a qu’un pas
Il n’est pas rare de constater que les valeurs des entreprises sont impulsées, voire imposées, par le TOP management. Logique ; il faut bien qu’elles corroborent la stratégie de l’entreprise. Pas forcément ! Ce schéma Top-Down simpliste n’est indubitablement pas le reflet de ce que portent en eux les employés ; les effets peuvent être navrants ou en tout cas non-productifs.
De fait, en France, des études montrent qu’il y a d’un côté l’épanouissement et de l’autre la performance et la rentabilité parfois vecteur de souffrance au travail. A contrario, outre Atlantique ou en Asie, le travail étant avant tout perçu comme une activité épanouissante, les salariés ont moins d’attentes vis-à-vis de leurs employeurs. La caricature est simple, il est vrai. Et si l’éthique était le juste milieu entre deux extrêmes ?
Il faut donc, dans l’idéal, laisser les employés s’approprier le sujet et mettre en œuvre leurs valeurs au sein même du groupe. Lorsque le processus sera assimilé, chacun deviendra même un ambassadeur de la marque.
L’intelligence collective, déterminante pour atteindre l’ambition même de l’entreprise
Un bon manager prendra en compte la somme du capital humain de son équipe (interne comme externe) ; la somme de ses forces, de ses savoir-faire, de ses différences. Cela lui permettra de mieux demeurer à l’écoute ; de former ceux qui en ont besoin ; de répondre de façon adaptée aux envies. Il n’aura de cesse de fixer le cap et de veiller aux bonnes conditions globales de travail. Le manager et son personnel, plus épanoui, ne formeront plus qu’un pour mener à bien les projets.
L’adhésion du groupe à un dessein commun est déterminante pour le succès. Cela est vrai toute génération confondue mais est d’autant plus vrai avec les Millenials. Ceux-ci revendiquent haut et fort un équilibre entre vie privée et vie professionnelle. D’une même voix tous aspirent aux mêmes attentes pour satisfaire leur épanouissement mais aussi contribuer activement à la performance de l’entreprise. La logique derrière cela est que la satisfaction au travail et l’influence de chacun sur la stratégie de l’entreprise favorisera la réussite de celle-ci. Il s’agit plus désormais de coconstruire un projet basé sur le collectif.
Oublions les discours bien-pensants, soyons vertueux !
Factuellement l’entreprise a des responsabilités tant sociales qu’économiques. Hier couchée sur une jolie brochure exposant la consommation d’énergie ou le recyclage des déchets, la Responsabilité Sociale / Sociétale des Entreprises a, de plus en plus, pris une place stratégique dans les organisations. Il ne suffit plus d’utiliser de beaux mots tels que : innovation, disruption, collaboratif, talents ou bien-être ; il faut prouver par des actions concrètes son investissement dans un cercle vertueux.
La notion de relation -au sens interaction- humaine est peut-être l’essence d’un « vrai » management éthique. C’est certainement en remettant au cœur de l’économie l’Homme que la société pourra apprécier les talents qui la compose. De là à recruter un Chaman d’entreprise pour mettre tout cela en musique ; et pourtant ! Très prisé dans la Silicon Valley, ce nouvel entrant dans la sphère de l’entreprise promet une organisation plus équilibrée et respectueuse. Alors, serez-vous le prochain Corporate Chaman de votre entreprise ?