Une idée derrière la tête, s’expatrier

GraphExpo-2012

 

Chez Sefas Innovation, les collaborateurs embauchés en France qui ont rejoint la filiale américaine ne l’ont pas fait par hasard. Il s’agissait pour la plupart d’une ambition affichée dès le départ.

 

Odile Biernacki est arrivée aux Etats-Unis il y a treize ans et ne regrette rien. Elle faisait partie de l’équipe qui a créé la filiale de Sefas aux Etats-Unis. Elle est aujourd’hui responsable de toute l’équipe avant-vente de Sefas Inc. Dans l’entreprise, elle joue ainsi un rôle clé pour le marché américain. Sur nos marchés, il n’y a pas vraiment de nouveaux clients, il n’y a que des clients qui ont abandonné un de nos concurrents parce qu’il n’a pas apporté la qualité de service attendue, explique Michael Lambert, directeur des ventes de Sefas Innovation Inc. Dès qu’il faut résoudre une question technique, c’est à Odile et son équipe d’intervenir, souvent dans des délais très court, car ici encore plus qu’en Europe, le client est roi, et un roi n’attend pas. « Il y a beaucoup de pression sur l’avant-vente », convient-elle. Chaque affaire débute a peu près toujours de la même façon, avec un client posant un problème que ni lui, ni ses fournisseurs habituels ne sont parvenus à résoudre. Généralement, il s’agit d’un problème de gestion de la production, la phase la plus critique sur un marché où l’externalisation des usines à courrier s’est fortement développée en réponse à la crise. « Ici, les décisions se prennent vite. Nos clients nous testent en nous confiant le problème de production le plus complexe qu’ils aient à résoudre. Si nous y parvenons, leur choix est fait », poursuit Odile Biernacki avant de résumer à sa manière ce qui fait, selon elle, la clé de la réussite sur le marché américain : « résoudre le problème particulier d’un client, c’est aussi de l’innovation », souligne-t-elle. Depuis un peu moins de quatre ans, Odile a réalisé son ambition, s’installer et vivre à New York. Un projet qu’elle avait en tête lorsqu’elle a rejoint Sefas neuf ans plus tôt. « Après un passage chez Thomson, j’ai rejoint Séfas pour rester en contact avec la clientèle et parce que je savais qu’ils avaient une filiale aux Etats-Unis », avoue-t-elle.

 

Un projet de vie

C’est aussi la perspective de pouvoir aller travailler à l’étranger qui a conduit Patrick Vovor, jeune ingénieur de 31 ans, à rejoindre Sefas. Après deux ans en France, il s’est vu proposer en 2011 de rejoindre la filiale américaine de l’éditeur. D’une certaine façon, sourit-il, tout s’est passé exactement comme je le souhaitais, car je n’ai jamais caché mon ambition de venir travailler ici, admet le jeune homme. A 31 ans, il fait partie des deux français venus renforcer en 2011 l’équipe américaine de Sefas pour faire face à une croissance exponentielle des demandes. Venir travailler à l’étranger, ça ne se décide pas sur un coup de tête, il faut que cela soit un véritable projet de vie, averti encore le jeune homme. Projet de vie, mais aussi opportunité, car s’expatrier pour le compte d’une société implantée depuis longtemps aux Etats-Unis est relativement sécurisant. Dirigée par des français, Sefas Inc est en quelques sortes à mi chemin entre l’entreprise américaine et l’entreprise française. On y retrouve la flexibilité d’une entreprise française mais aussi l’efficacité et le pragmatisme de l’organisation à l’américaine. Le fait d’être dans une société française installée aux Etats-Unis facilite aussi l’adaptation à titre personnel, poursuit Patrick Vovor. Il s’est senti tout de suite bien accueilli, même s’il lui a fallu un certain temps pour recréer un réseau d’amis en dehors du travail. C’est vrai que l’on peut se sentir un peu seul au début, mais avec les technologies Internet, nous sommes beaucoup moins isolés de nos familles aujourd’hui qu’il y a dix ans, tempère Odile Biernacki.

 

Partir et rester

Pour réussir professionnellement aux Etats-Unis, il faut être dans un certain état d’esprit, avoir le sens du client, et beaucoup de pragmatisme, souligne encore Patrick Vovor. Au quotidien, il y a aussi de petites astuces qu’il faut connaître : « si vous allez en clientèle, il faudra veiller à ne jamais être mieux habillé que votre interlocuteur, ni moins bien d’ailleurs », révèle Patrick Vovor. A l’exception de cette règle de savoir-vivre vestimentaire, les français qui viennent travailler aux Etats-Unis sont surtout frappés par la simplicité des relations hiérarchiques. « Il faut savoir tenir sa place, mais tout le monde est toujours accessible », confirme Odile Biernacki qui se dit par ailleurs frappée par le nombre de femmes occupant des hautes responsabilités, plus qu’en France selon elle. Dans l’ensemble, les collaborateurs de Sefas qui ont quitté les rives de la Seine pour celles de la Charles River ne regrettent rien et n’ont pas l’intention de revenir. « Tous ceux qui sont partis, même temporairement, n’ont plus envie de revenir », confie Florent Descatoire, directeur administratif et financier de Sefas.

 

Un atout pour l’entreprise

Tout en étant filiale d’un groupe français, Docapost, Sefas tient particulièrement à ses implantations internationales, qu’elle compte d’ailleurs développer dans les années à venir. Bien sûr, les conditions ne sont plus tout à fait les mêmes aujourd’hui. Et il n’est plus question de partir avec armes et bagages pour de nouveaux horizons sans avoir largement exploré le terrain. Pour Sefas comme pour beaucoup d’entreprises, l’aventure commence souvent par l’établissement de partenariats ou le recrutement d’un représentant commercial local. « Il faut y aller pas à pas, en restant toujours conscient de sa taille et de ses moyens », avertit Florent Descatoire. Dans les années à venir, le spécialiste français de l’éditique compte surtout développer ses implantations en Europe, aidé en cela par le dynamisme de sa filiale américaine. Sur l’année 2012, l’activité de ce côté-ci de l’Atlantique aura largement compensé la morosité des marchés en Europe. « Nos implantations internationales nous rendent moins vulnérables aux aléas de l’économie dans chaque pays », constate Florent Descatoire. Mais elles ont aussi un autre avantage, souligne immédiatement le directeur financier. Dans un métier de pointe qui nécessite une formation avancée des collaborateurs, l’internationalisation permet aussi à l’entreprise de préserver son capital humain.

Paul PHILIPON